jeudi 23 octobre 2014

La place de l’homme dans la nature : l'art

La place de l’homme dans la nature : l’homme tient-il une place particulière par sa capacité à créer des œuvres d’art ?


L’art est une foire d’empoigne philosophique d’autant que vient s’y superposer l’idée de beau et que l’art va être qualifié, de primitif, de naïf, etc. Les notions d’art et de beau s’inscrivent dans le temps et l’espace.

La plupart des philosophes reconnaissent à des degrés divers que la nature, tout comme l’art peuvent susciter la beauté. L’une des premières questions que l’on trouve dans la philosophie antique est : l’art imite-t-il la nature ? Platon pose la question de l’imitation qu’il voit dans l’art, imitation du monde des Idées que seule la pensée de l’homme peut identifier (l’Idée est une représentation de l’Esprit noûs).

On peut aussi lire dans Cicéron, De oratore II, 7, à propos des sculptures de Phidias « considérait, non un homme quelconque, ie réellement existant, mais c’est son esprit que résiderait la représentation sublime de la beauté ». On retrouve cette même idée chez Plotin.

On trouve plus, dans la philosophie antique, un débat sur la beauté plutôt que sur l’art.

Pour clore rapidement l’histoire de la beauté, définit en Grèce par le respect des proportions, proches des définitions de la géométrie, ce qui va introduire pour le profane, une dose de mystère.

Avec le moyen âge on verra la beauté appartenir à une vision mystique : exemple des icones acheiropoïètes de Byzance.

La beauté devient énigme : elle est à la fois apparente et dissimulée. Elle relève du réel et ou du symbolique et prend donc une signification. Le symbole signifie par le biais d’une ressemblance comprise par tous : par exemple dans les danses macabres, faux, squelette, mort.
Mais le symbole peut être plus complexe : qu’en est-il du sourire de l’ange de la cathédrale de
Reims ?

L’art

Son étymologie et les mots dérivés révèlent la complexité du sujet.

En grec on trouve le mot tecknè qui donnera, technique et technicien (avec toutefois un sens plus complexe qu’aujourd’hui). Il sera traduit en latin par ars dont dérivent artiste, et artisan.
L’antiquité ne connait ni les beaux-arts, ni l’esthétique. Pour les philosophes grecs, l’art est une théorie de l’imitation, il nécessite la maîtrise d’une technique. L’imitation lie l’art à la question de la vérité, reprise par Heidegger et à la question de l’apparence reprise par Merleau Ponty.

En faisant un saut dans le temps, on va retrouver des définitions de l’art en lien plus ou moins étroit avec la nature.

Kant : Critique de la faculté de juger et critique de la raison pure. Le beau relève de la nature, mais l’art est un artifice, lié à la finalité de la pensée consciente avant la réalisation de l’œuvre. Il y a un lien antre l’artiste et l’œuvre, l’art est réservé à l’homme. L’artisan produit des objets utiles tandis que l’artiste produit de la beauté.

Au milieu du XVIIIe siècle l’usage du mot art est équivalent du terme esthétique : aisthétikos, qui peut être perçu par les sens.

Dès lors deviennent indissociables : l’artiste, l’œuvre et celui qui regarde l’œuvre.


De quoi sont composés les beaux-arts ? Pour Shopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, qui reprend grossièrement les théories kantiennes, l’art essentiel est la musique, l’art est imitation de la nature qui va au-delà de l’esthétique et nous fait accéder à l’Être et comprend donc une dimension ontologique.

Hegel, rédacteur de Leçons sur l’esthétique. L’esthétique n’est plus science du sensible, mais philosophie du beau, « l’art est une forme particulière sous laquelle l’esprit se manifeste » Il faut entre par Esprit, la communauté des hommes qui prend conscience d’elle-même. ; « le beau artistique est supérieur au beau naturel parce qu’il est un produit de l’Esprit ».

Il distingue 3 parties dans l’art :
  • L’art symbolique : la belle apparence est un symbole dont le sens s’est perdu (ex de l’art égyptien)
  • L’art empirique qui vient de l’expérience et de l’éducation : le beau est défini par des critères culturels, historiques
  • L’art transcendantal qui ramène l’art à la religion. L’essence du beau c’est la réconciliation de la nature et de l’Esprit, elle exprime un idéal.

La place de l’imaginaire dans l’art : Delacroix et Baudelaire.

L’imagination est pour eux la reine des facultés parce qu’elle est créatrice, qu’elle analyse puis procède à une synthèse. La peinture unit l’âme du peintre et celle du regardant. Ils retiennent le rôle de la couleur qui déclenche les émotions.

Bergson fait remarquer (Evolution créatrice) que la peinture ne reproduit pas la nature mais donne une impression de : il cite en exemple le cheval au galop du derby d’Epson.

Le statut mélancolique de l’artiste est le prix à payer pour assurer sa liberté et son indépendance.

A l’inverse de Delacroix et Baudelaire, Alain développe l’idée que l’œuvre nait d’une impuissance de l’imagination. ( l’imagination est une perception fausse du corps emporté parles émotions). Comme Hegel il relie art et religion, le premier des arts est la musique. L’art est condition de la conscience de soi et de la vie en société. On peut voir ici une différence radicale avec le monde animal.

Heidegger s’attache aux présupposés de la création artistique et à la dialectique art – nature. Il recherche l’essence de l’art dans la vérité qui apparait. L’art est à l’origine de l’œuvre et de l’artiste. L’œuvre d’art est une chose : un étant. L’union de la matière et de la forme par le biais d’un outil ne suffit pas. L’œuvre est présentation du monde, elle dévoile l’étant, ce que Heidegger nomme la vérité.

Merleau Ponty

Toute peinture suppose une certaine conception du réel et à ce titre l’art est en lien avec la métaphysique. Il rédige des commentaires sur les œuvres de P. Cézanne. Il insiste sur la grande importance de la lumière qui permet de percevoir l’être du monde (le vent, le tissu...)

Cézanne : « le paysage se pense en moi et je suis sa conscience ».


Bibliographie

Platon, La République Pléiade
Heidegger M., Chemins qui ne mènent nulle part
Kant E., Critique de la faculté de juger et Critique de la raison pure
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation
Hegel, Leçons sur l’esthétique
Bergson, Evolution créatrice
Merleau Ponty, Phénoménologie

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