La place de l’homme dans la nature : l’homme tient-il une place particulière par sa capacité à créer des œuvres d’art ?
L’art est une
foire d’empoigne philosophique d’autant que vient s’y
superposer l’idée de beau
et que l’art va être qualifié, de
primitif, de naïf, etc. Les notions d’art et de beau s’inscrivent
dans le temps et l’espace.
La plupart des
philosophes reconnaissent à des degrés divers que la nature, tout
comme l’art
peuvent susciter la beauté. L’une des premières
questions que l’on trouve dans la philosophie
antique est : l’art
imite-t-il la nature ? Platon pose la question de l’imitation qu’il
voit dans
l’art, imitation du monde des Idées que seule la pensée
de l’homme peut identifier (l’Idée est
une représentation de
l’Esprit noûs).
On peut aussi lire
dans Cicéron, De oratore II, 7, à propos des sculptures de Phidias
« considérait, non un homme quelconque, ie réellement existant,
mais c’est son esprit que
résiderait la représentation sublime
de la beauté ». On retrouve cette même idée chez Plotin.
On trouve plus, dans
la philosophie antique, un débat sur la beauté plutôt que sur
l’art.
Pour clore
rapidement l’histoire de la beauté, définit en Grèce par le
respect des proportions,
proches des définitions de la géométrie,
ce qui va introduire pour le profane, une dose de
mystère.
Avec le moyen âge
on verra la beauté appartenir à une vision mystique : exemple des
icones
acheiropoïètes de Byzance.
La beauté devient
énigme : elle est à la fois apparente et dissimulée. Elle relève
du réel et ou
du symbolique et prend donc une signification. Le
symbole signifie par le biais d’une
ressemblance comprise par tous
: par exemple dans les danses macabres, faux, squelette, mort.
Mais le symbole peut
être plus complexe : qu’en est-il du sourire de l’ange de la
cathédrale de
Reims ?
L’art
Son étymologie et
les mots dérivés révèlent la complexité du sujet.
En grec on trouve le
mot tecknè qui donnera, technique et technicien (avec toutefois un
sens
plus complexe qu’aujourd’hui). Il sera traduit en latin par
ars dont dérivent artiste, et artisan.
L’antiquité ne
connait ni les beaux-arts, ni l’esthétique. Pour les philosophes
grecs, l’art est
une théorie de l’imitation, il nécessite la
maîtrise d’une technique. L’imitation lie l’art à la
question de la vérité, reprise par Heidegger et à la question de
l’apparence reprise par Merleau
Ponty.
En faisant un saut
dans le temps, on va retrouver des définitions de l’art en lien
plus ou moins
étroit avec la nature.
Kant : Critique de
la faculté de juger et critique de la raison pure. Le beau relève
de la nature,
mais l’art est un artifice, lié à la finalité de
la pensée consciente avant la réalisation de
l’œuvre. Il y a un
lien antre l’artiste et l’œuvre, l’art est réservé à
l’homme. L’artisan produit
des objets utiles tandis que
l’artiste produit de la beauté.
Au milieu du XVIIIe
siècle l’usage du mot art est équivalent du terme esthétique :
aisthétikos,
qui peut être perçu par les sens.
Dès lors deviennent
indissociables : l’artiste, l’œuvre et celui qui regarde
l’œuvre.
De quoi sont
composés les beaux-arts ? Pour Shopenhauer, Le monde comme volonté
et
comme représentation, qui reprend grossièrement les théories
kantiennes, l’art essentiel est la
musique, l’art est imitation
de la nature qui va au-delà de l’esthétique et nous fait accéder
à
l’Être et comprend donc une dimension ontologique.
Hegel, rédacteur de
Leçons sur l’esthétique. L’esthétique n’est plus science du
sensible, mais philosophie du beau, « l’art est une forme
particulière sous laquelle l’esprit se manifeste » Il
faut entre
par Esprit, la communauté des hommes qui prend conscience
d’elle-même. ; « le
beau artistique est supérieur au beau
naturel parce qu’il est un produit de l’Esprit ».
Il distingue 3
parties dans l’art :
- L’art symbolique : la belle apparence est un symbole dont le sens s’est perdu (ex de l’art égyptien)
- L’art empirique qui vient de l’expérience et de l’éducation : le beau est défini par des critères culturels, historiques
- L’art transcendantal qui ramène l’art à la religion. L’essence du beau c’est la réconciliation de la nature et de l’Esprit, elle exprime un idéal.
La place de
l’imaginaire dans l’art : Delacroix et Baudelaire.
L’imagination est
pour eux la reine des facultés parce qu’elle est créatrice,
qu’elle analyse
puis procède à une synthèse. La peinture unit
l’âme du peintre et celle du regardant. Ils
retiennent le rôle
de la couleur qui déclenche les émotions.
Bergson fait
remarquer (Evolution créatrice) que la peinture ne reproduit pas la
nature mais
donne une impression de : il cite en exemple le cheval
au galop du derby d’Epson.
Le statut
mélancolique de l’artiste est le prix à payer pour assurer sa
liberté et son
indépendance.
A l’inverse de
Delacroix et Baudelaire, Alain développe l’idée que l’œuvre
nait d’une
impuissance de l’imagination. ( l’imagination est
une perception fausse du corps emporté parles émotions). Comme
Hegel il relie art et religion, le premier des arts est la musique.
L’art
est condition de la conscience de soi et de la vie en
société. On peut voir ici une différence
radicale avec le monde
animal.
Heidegger s’attache
aux présupposés de la création artistique et à la dialectique art
– nature. Il
recherche l’essence de l’art dans la vérité qui
apparait. L’art est à l’origine de l’œuvre et de
l’artiste.
L’œuvre d’art est une chose : un étant. L’union de la matière
et de la forme par le
biais d’un outil ne suffit pas. L’œuvre
est présentation du monde, elle dévoile l’étant, ce que
Heidegger nomme la vérité.
Merleau Ponty
Toute peinture
suppose une certaine conception du réel et à ce titre l’art est
en lien avec la
métaphysique. Il rédige des commentaires sur les
œuvres de P. Cézanne. Il insiste sur la
grande importance de la
lumière qui permet de percevoir l’être du monde (le vent, le
tissu...)
Cézanne : « le
paysage se pense en moi et je suis sa conscience ».
Bibliographie
Platon, La
République Pléiade
Heidegger M.,
Chemins qui ne mènent nulle part
Kant E., Critique
de la faculté de juger et Critique de la raison pure
Schopenhauer, Le
monde comme volonté et comme représentation
Hegel, Leçons
sur l’esthétique
Bergson,
Evolution créatrice
Merleau Ponty,
Phénoménologie
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